Trouver un acte de décès, c’est bien, trouver un acte de décès qui mentionne les causes du décès, c’est mieux et même exceptionnel.
Contexte généalogique
Jacques Milliex naît le 25 juin 1767 à Saint-Sorlin-d’Arves, en Maurienne, appartenant à l’époque au duché de Savoie. Dernier de sa fratrie, il se marie le 27 octobre 1789 avec Anne-Marie Milliex. De cette union, naissent sept enfants :
- Catherine, décédée moins de deux mois après sa naissance en 1790,
- Pierre, né en 1792,
- Geneviève, née en 1794,
- Françoise, née en 1797,
- Joseph, né en 1800,
- Jean Baptiste, né en 1802,
- …et Catherine, née en 1807 et qui est par ailleurs mon sosa n°39 (la mère d’Etienne et de Joseph Brunet, mes oncles partis en Californie).
Jacques et Anne-Marie Milliex sont donc mes sosas n°78 et 79.
Un acte de décès dans le Dauphiné et de multiples informations
Grâce à une mention, je sais que Jacques décède en 1817 à Laval, petit village d’Isère. Interpellé par le lieu de sa mort, je m’empresse donc d’aller consulter l’acte en question et je lis :
Le onze avril mil huit cent dix-sept, par devant nous Etienne François David, maire et officier de l’Etat civil de la commune de Laval, canton de Domène arrondissement de Grenoble,
Est comparu Joseph Millet, ramoneur, domicilié à Saint-Sorlin-en-Maurienne, duché de Savoie, assisté de Pierre Coche dit Bouteuil & de Philibert Berthet Maguet, tous deux majeurs, propriétaires agricoles habitant à Prabert, hameau de Laval, lesquels nous ont déclaré que ce jourd’hui à neuf heures du matin, sur la montagne appelée le Muret au lieu-dit à Eyguebelle, commune de Laval, Jacques Millet, natif de Saint-Sorlin-en-Maurienne, âgé de cinquante ans environ, fils à feu Pierre, époux de Marie Millet, propriétaire domicilié audit Saint-Sorlin et Jean Baptiste Millet, son fils âgé de treise ans, sont décédés par suite d’une tempête et d’un tourbillon de neige qu’ils ont éprouvé au passage de la Coche en allant dans leur famille. Desquels décès nous avons dressé le présent acte en présence dudit Joseph Millet, fils audit Jacques […]. »
Source : AD de l’Isère, cote : 9NUM1/AC206/10, Laval, décès, coll. communale (1807-1819), vue 131/162.
Première remarque sur l’orthographe du patronyme qui indique que le X de Milliex ne se prononce pas. Ce qui concorde avec l’origine étymologique du nom de famille Milliex, dérivé de Millet et qui serait un diminutif de mil (du latin milium), nom d’une céréale cultivée au Moyen Âge pour la panification et la préparation de bouillies (d’après GABION, Robert, Dictionnaire des noms de familles de Savoie, Haute-Savoie, canton de Genève (partie), Montmélian, La Fontaine de Siloé, 2011, p.683).
L’acte de décès nous apprend en outre que Joseph, qui déclare le décès de son père et de son jeune frère Jean Baptiste, exerce la profession de ramoneur à Laval, en Dauphiné. À vol d’oiseaux, une vingtaine de kilomètres seulement sépare Laval de Saint-Sorlin-d’Arves. Sur Google Maps, un itinéraire à vélo nous est même proposé.
Evidemment, à l’époque, Jacques et son fils Jean Baptiste se rendent à Laval à pied ou éventuellement à dos de mule[t]s. L’itinéraire indiqué ci-dessus ne doit pas tellement différer de celui qu’ils empruntent à l’époque. D’abord le franchissement du Col-de-la-Croix-de-Fer, au-dessus de Saint-Sorlin, le suivi de la rivière d’Eau-d’Olle qui passe par le Rivier-d’Allemond, puis la montée vers le Pas de la Coche (aujourd’hui encore, le Pas de la Coche est fréquenté par les randonneurs) et la descente enfin vers Prabert et la commune de Laval, précisément vers l’endroit où ils décèdent.
Avril 1817, il est aisé d’imaginer le manteau de neige couvrant probablement la plupart des massifs environnants. Le vent se lève, et voici Jacques et Jean Baptiste, rentrant d’une visite à leur fils et frère à Laval, pris dans « tempête » et un « tourbillon » de neige alors même qu’ils tentent de rentrer chez eux à Saint-Sorlin. Joseph, resté à Laval, s’est-il inquiété des conditions météorologiques quelques heures après le départ de son père et de son frère ? Ont-ils seulement retrouvé les corps ?
Il faut signaler que l’hiver 1816 – 1817 a été particulièrement rude dans les Alpes (http://www2.amisduvaldethones.fr/2013/04/12/1816-lannee-plus-froide-500-dernieres-annees/)
Jacques et son fils Jean Baptiste, qui les années précédentes pouvaient prendre ce chemin sans risque en avril ont été surpris de rencontrer un aussi mauvais temps.
Bonjour Olivier et merci pour le complément : vous avez tout à fait raison de le souligner !