#RDVAncestral n°3 – Charles Chaix (1868-1935)
« T’avais les mains comme des raquettes… » pépé (1).
En évoquant ce #RDVAncestral, va savoir pourquoi j’ai ce titre de Léo en tête. Même si évidemment il n’est pas question ici de chimpanzé. Je ne t’ai jamais connu et pourtant je t’ai souvent observé, tantôt avec fierté, tantôt avec interrogation. Qui étais-tu ? Quelle était ta voix ? Ton visage m’est si familier et pourtant je ne te connais pas. Je te devine à ma façon avec les quelques photos à ma disposition, partiellement et partialement, forcément. Nous portons certes le même nom mais nos trajectoires de vie sont tellement différentes. Si tu savais les siècles d’histoire que j’ai à te raconter, et si nous venions du Dauphiné ? Qu’en penses-tu ?
Tu travaillais la terre, élevais quelques bêtes. Tu tissais le chanvre et étais toujours prêt à rendre service. On se souvient de toi comme étant quelqu’un de généreux mais d’apparence austère : tu en imposais, paraît-il. Tu t’impliquais dans la vie de ton village et avec raison. Plusieurs fois élu au conseil municipal, quel regard porterais-tusur ton pays natal aujourd’hui ? Je n’ose même pas l’imaginer.
Comment étaient tes parents ? Quels rapports entretenais-tu avec les tiens ? Ta belle-famille ? Tes amis ? Et bien sûr tes enfants ? Sur la photo de mariage d’Ernest, ton aîné, tu as fait le déplacement à Paris. Vous avez fait le déplacement puisque Marie Françoise, ton épouse, mon arrière-grand-mère, était là également. Que vous semblez fiers de votre fils ! En même temps, vu comment il s’est débrouillé dans la capitale, épaulé par ses cousins Chaix et Arnaud, tes neveux, il y a de quoi être fier !
Le sens de l’honneur, de la parole donnée, voilà comment je perçois les valeurs que tu prônes, la dignité aussi. Avant que naisse le dernier de tes fils, Maurice – mon grand-père – en 1918, un autre l’a précédé et est décédé en 1919, à l’âge de 4 ans. Où est-il enterré et surtout de quoi est-il mort ?
Mon manque de réserve te surprendra sûrement, mon tutoiement et mon assurance aussi mais que veux-tu, ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre son arrière-grand-père.
Charles, tu portes un prénom pas si commun dans la famille. Je pense ponctuellement à toi, à ton parcours, à qui tu étais. Je feuillette ton livret militaire, fait défiler les photos et la ressemblance avec mon grand-père me frappe toujours. T’avais les mains comme des raquettes du haut de ton mètre 68 et tu avais fini ta vie avec des douleurs articulaires atroces. Mon pauvre grand-père.
Toutes mes questions au fond ne sont que le reflet de ma curiosité généalogique et ne sont pas si importantes que cela.
Alors, dans un regard, je chercherais à te faire sourire et à capter le fond de ton âme. Qui es-tu ?
L’essentiel ne se dit pas, il se ressent.
Saint-Sorlin-d’Arves, une journée estivale de la fin des années 1920.
Notes
(1) Léo Ferré, Pépée.
La phrase : je te devine à ma façon ….. me plait assez,
elle résume un peu l’impression que j’ai eu en lorgnant certaines photos anciennes.
Bonjour Fanny-Nésida,
Eh oui je crois qu’on cherche tous à deviner à notre manière qui était tel ou telle ancêtre. Content que mon billet ait trouvé un écho !
A bientôt,
Guillaume
J’aime bien cette manière directe de s’adresser à l’ancêtre en le tutoyant. Mais toutes ces questions ont dû le tournebouler. Est-ce qu’il t’a répondu ou bien préfère-t-il que tu cherches toi-même les réponses ?
Et pourtant je ne suis pas un adepte du tutoiement et du dialogue direct mais ma foi, il y a parfois des circonstances particulières. Comme je le dis souvent, ces rendez-vous en disent surtout plus sur nous que sur nos ancêtres donc je pencherai plutôt pour la deuxième option 🙂
Merci du commentaire Marie,
Guillaume
Très joli RDV Ancestral. En effet, ton arrière-grand-père semblait en « imposer » ! 🙂 sa pose sur la photo est originale !
Merci Marion pour le commentaire 🙂
Je ne passe pas souvent sur votre blog… il y en a tellement. Il y a quelque chose dans cette photo, qui a su piquer ma curiosité et je ne regrette pas d’avoir pris le temps de vous lire. J’ai été » accroché ». C’est un exercice difficile que de parler de ses ancêtres, vous y arrivez très bien!
Une époque pas si lointaine où la plupart des ruraux se déplaçaient en sabots pour ne pas abîmer les souliers. Je suppose que pour vous aussi, se plonger ainsi dans le passé, vous offre une lecture plus profonde du présent… En tous les cas, c’est ce que laisse supposer vos interrogations 🙂
Bonjour et d’abord merci pour le commentaire, très plaisant de savoir que nos mots touchent !
Une époque très proche même et pourtant si lointaine dans la mesure où Saint-Sorlin-d’Arves dans les années 1920 est juste incomparable avec le village d’aujourd’hui. Je le dis et répète souvent, je crois que la rédaction d’un #RDVAncestral, avant de parler de tel ou telle ancêtre, parle de nous, de notre rapport au temps, à la généalogie, à l’ancêtre en question. Donc oui, je vous rejoins tout à fait dans vos observations.
Au plaisir de vous revoir sur le blog,
Guillaume