Ah, le fameux Opinel. Tout Mauriennais qui se respecte a le sien et, dans ma famille Chaix, nous avons même le nôtre, gravé s’il vous plaît !

Couteau Opinel gravé “Café Chaix”. Collection familiale, tous droits réservés.
La montée à Paris
Ces couteaux, nous les devons à mon grand oncle, frère de mon grand-père, Ernest Chaix (1897-1969). Né à Saint-Sorlin-d’Arves, aîné de sa fratrie, Ernest monte à Paris en tout début d’année 1920 rejoindre son oncle et ses cousins, et réside rue Hérold, dans le 1er arrondissement. Il est garçon de café. De même que son futur beau-père, Emmanuel Eugène Lerallut, lequel est par ailleurs marié avec Marie Célestine Justine Sylvie Chaix, la cousine germaine d’Ernest. Grâce à une carte postale adressée à Ernest et retrouvée dans les archives familiales, nous savons qu’Ernest travaille dans le restaurant Hubin, dans la fameuse rue Drouot.

Sans doute l’une des premières, voire la première photo d’Ernest à son arrivée à Paris en 1920. Archives familiales, tous droits réservés.
Après leur mariage en 1923, Ernest et sa femme Lucienne Lerallut déménagent au 36 rue Tiquetonne, dans le 2e arrondissement de Paris, logement dans lequel passeront sans exception tous les membres de la famille Chaix qui montent dans la capitale, y compris mon grand-père. Ensemble, ils ont une fille, Denise, qui passera, en grande partie, les premières années de sa vie à Saint-Sorlin-d’Arves, chez ses grands-parents Chaix.

Denise dans les bras d’Ernest à Saint-Sorlin-d’Arves au milieu des années 1920 avec Charles, debout à gauche, mon arrière grand-père, et Maurice, mon grand-père, lui aussi debout à droite. Archives familiales, tous droits réservés.
En janvier 1935 – nous avons l’indication précise du changement de domiciliation grâce au registre matricule d’Ernest -, la famille rejoint le 9e arrondissement de Paris et habite au 7 de la rue Choron. Ernest y possède un établissement, le café du Central. Il y emploie de nombreuses personnes et, à l’occasion, ses frères et soeurs montent l’y aider et y travailler. En plus de son activité de cafetier, Ernest propose, entre autres choses, des services de location de voitures à bras. Les affaires tournent bien.

Le 7 rue Choron au milieu des années 1930 avec, de gauche à droite, Maurice, François, Edouard et Célestine, frères et soeurs d’Ernest. Archives familiales, tous droits réservés.
L’Opinel comme cadeau de fidélité ?
En effet, Ernest distribue à ses meilleurs clients des couteaux Opinel sur lesquels il est inscrit “Café Chaix” : plusieurs séries ont été éditées puisque certains couteaux sont gravés, d’autres portent simplement la mention sans gravure. Je ne suis pas spécialiste des couteaux Opinel mais d’après les recherches que j’ai faites, ces couteaux datent, au moins, du milieu des années 1950puisque nous remarquons déjà la virole – la bague de sécurité – sur les couteaux. Cela faisait ainsi une pierre, deux coups : la promotion du café et la promotion des couteaux Mauriennais ! Pour couronner le tout, les couteaux étaient édités en différente taille, du mini-couteau de poche au couteau de poche classique.
À ma connaissance – et elle est restreinte – il n’existe pas de couteau similaire, édité de manière promotionnelle et, qui plus est, en région parisienne. À sa manière, Ernest a contribué à rendre populaire un couteau, aujourd’hui encore, mondialement connu et reconnu.

Autre côté de la lame, portant l’inscription Opinel surmontée de la couronne et la Croix de Savoie. Collection familiale, tous droits réservés.
Le temps passe, j’oublie parfois d’où je viens puis au détour d’un article, de photos, mes souvenirs remontent à la surface et je revois les membres de la famille avec lesquels j’ai tant de souvenirs. Merci Guillaume. J’adore ton travail.
Merci David pour le message !