D comme dis donc, je n’aurai jamais pensé que tu t’intéressais à ça toi ?!

Jamais ? Méfiez-vous des apparences, bon sang ! Donc quoi ? J’ai 26 ans, je porte des baskets, j’écoute du rap (et pas que, mais quand même), j’ai en d’ailleurs moi-même fait, je suis diplômé d’un bac +5 en Histoire, j’ai même fait un service civique et…  oui, je fais de la généalogie, c’est fou la vie, vous ne trouvez pas ? À chacun son histoire, je reconnais qu’au départ, comme vous, je n’aurai pas misé grand chose sur la généalogie. Et pourtant, j’ai même décidé d’en faire mon métier.

De plus en plus, les jeunes se mettent à la généalogie et dépoussièrent une discipline victime de nombreux clichés, pas toujours faux d’ailleurs. La question de l’âge avancé est sans doute le cliché le plus tenace et le plus fréquent. Paradoxalement, ce sont ces clichés qui sont poussiéreux : depuis les vagues successives des numérisations et de l’accès à des millions de bases de données en ligne, la généalogie n’est plus du tout pratiquée que par les seniors (je n’aime pas ce mot au fait) mais bien par les jeunes, et de tout horizon social et géographique (avec quand même quelques réserves toutefois : l’état civil colonial, qui exclue de fait une majeure partie des populations autochtones, on en parle ?)

Parce que le deuxième cliché de base quand on parle de généalogie, c’est les ancêtres nobles ou porteurs d’une histoire perçue comme valorisante : j’ai souvent entendu, à ma grande surprise : « oui mais moi je n’ai pas d’ancêtres prestigieux »… Déjà, ce n’est pas gentil pour pépé Charles, puis je ne sais pas : on s’en fout non ? En fait, j’irai presque à dire que le rapport des gens à la généalogie en dit long sur leur caractère, leur personnalité et leur histoire familiale.

Ceci étant, tant mieux si de par mon âge, ma barbe et mon parcours, j’étonne les gens. En général, les gens sont agréablement surpris, ou indifférents.

« Mais comment ça t’es venu ? »

Vaste question mes cocos, ça m’est venu par un agrégat de circonstances qui ont fait que… Par hasard en fait ! (Je ne crois pas au hasard, comme ça vous le savez.)

J’étais en fac d’histoire, je m’intéressais plus au contexte politique de mon époque, voulant même un temps partir sur des études de journalisme. J’étudiais, entre autres choses, l’Algérie coloniale et j’étais dans une sorte de malaise car d’un côté je lisais dans certains manuels à quel point les Européens d’Algérie (notez la globalisation du terme fourre-tout « Européens » qui veut tout et rien dire), étaient des profiteurs et des riches propriétaires – il y en a eu – et de l’autre, quand je demandais ce que faisaient mes arrière grands-parents par exemple, j’apprenais qu’ils étaient soit gérants d’un commerce soit secrétaire de mairie. Bref, ce que je lisais ne correspondait pas à la réalité et le vécu de ma famille pied-noire. En gros, le point de départ se trouve par-là, à chemin entre un sentiment de culpabilité – merde, mes ancêtres ont colonisé l’Algérie depuis les années 1830 ! – et une soif de connaître la vérité sur mes origines.

En écrivant ce billet, je me dis que j’ai démarré ma quête généalogique avec des motifs quasi-psychanalytiques, je l’ai dit, avec ce côté « je veux vérifier et prouver que mes ancêtres n’étaient pas ce que je lis parfois ou entends sur les Pieds-noirs. » Puis avec le temps vous apprenez à découvrir, du moins j’ai appris, en parallèle de mes études, que tout n’est pas tout noir ou tout blanc. Et surtout qu’avant l’Algérie, il y a d’autres origines : françaises, espagnoles, suisses, allemandes… J’ai mis le doigt dans l’engrenage de cette manière et depuis presqu’aucun jour ne passe sans que j’effectue une ou plusieurs recherches.

Il n’y a pas de profil-type ni de raisons plus valables que d’autres pour s’intéresser à la généalogie. Je vous vois faire la moue mais je suis certain que tout le monde, à un moment donné de sa vie, se questionne sur d’où il vient : les philosophes dissertent là-dessus depuis que le monde est monde alors ne me dites pas que vous n’y avez jamais pensé !

Alors vous aussi surprenez-moi et commencez votre quête généalogique.

« Connais-toi toi-même » qu’il disait l’ami Socrate.

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16 commentaires

  1. Je vois bien que les généalogistes que je rencontre sur les blogs ou les réseaux sociaux n’ont pas le même profil (âge, mode de fonctionnement…) que ceux que je côtoie dans mon cercle généalogique. Et c’est tant mieux si l’univers de la généalogie est varié ! Je me sens tout à fait à l’aise avec tout le monde et ça ne me rend pas schizophrène. Personnellement, j’ai 59 ans, je suis donc davantage dans le créneau d’âge attendu pour faire de la généalogie mais je m’intéresse à « Game of Thrones » ce qui doit sûrement me rajeunir un peu !

    1. Oh et puis tu sais Raymond, l’âge n’a que peu d’importance au final, Brassens l’a très bien résumé : le temps ne fait rien à l’affaire… 🙂
      L’idée de cet article c’était juste un clin d’oeil à une remarque que j’ai souvent entendue « tiens, tu t’intéresses à ça toi… » ou des regards de biais dissimulés à mon entrée dans des salles d’archives !

  2. Tiens comme je me retrouve dans cette histoire. Je devais avoir 18 ou 19 ans quand je suis entrée pour la 1ère fois dans une salle d’archives.
    20 ans plus tard je ne me déplace presque plus et pourtant je vais plus vite et plus loin (dans le temps et l’espace).
    J’ai commencé grâce à ma grand mère qui aurait 115 ans aujourd’hui. Elle n’a jamais su ce qu’était un numéro SOSA, n’a jamais fréquenté une salle d’archives ni même demandé d’acte auprès d’une commune et pourtant …
    Dernière de sa grande fratrie, elle a souhaité recenser l’ensemble de ses neveux et nièces et leur descendance tant de son côté que de celui de mon grand-père. Elle utilisait la numérotation d’aboville sans le savoir (Monsieur Jourdain se cache partout) et a ainsi rempli un cahier grace à sa mémoire, en interrogeant les cousins et l’a tenu à jour.
    Et elle en a fait un exemplaire pour chacun de ses enfants. Ce cahier tout simple m’a longtemps fascinée. Et un jour, j’ai sauté le pas et j’ai saisi ses notes, je les ai vérifiées quand je pouvais et puis j’ai déroulé la pelote.

    Et ce commentaire pourrait bien être le brouillon du premier billet du blog que j’ai envie d’ouvrir pour laisser des traces autres que des dates et des noms.
    Rendez-vous pour le #challengeAZ2017 ?

    1. Bonjour Joanne et merci pour votre passage. Votre commentaire représente ce que j’ai toujours ambitionné en créant mon blog : susciter l’échange et l’intéraction. N’hésitez pas à créer votre blog, n’hésitez pas à vous lancer dans l’aventure, et si mon blog a pu servir de mini-déclic – toute proportion gardée – vous m’en voyez ravi et flatté. Tenez-moi au courant si vous sautez le pas 🙂

  3. Absolument d’accord, la généalogie est ouverte à tous et l’accès par internet rompt une certaine barrière symbolique des gens (j’en faisais partie) qui n’osaient pas se rendre aux archives en pensant que c’était réservé aux universitaires. Et je prends beaucoup de plaisir à exhumer la vie d’ancêtres anonymes, qui n’ont pas forcément marqué l’Histoire mais y ont contribué en combattant dans les guerres ou en nourrissant la France (laboureurs, boulangers et vignerons) 🙂

    1. Merci François pour le commentaire et oui, nos ancêtres, si différents soient-ils dans leur-s diversité-s, ont fait l’histoire, on a tendance à l’oublier 😉

  4. Je risque peut-être d’empiéter un peu sur la suite, mais vu le début de ton article, j’ajouterais « La généalogie ? Mais c’est pas un truc de vieux, ça ?!? ». Ah, les clichés…
    Pour ma part, j’avais huit ans quand je me suis intéressée pour la première fois à la généalogie. Intriguée par mon AAAGM, la seule de mes ancêtres à porter le même prénom que moi, et de manière générale par tous ces gens sans qui je n’existerais pas et dont je voulais connaître l’histoire.

    1. Merci Pauline pour le commentaire, tu n’empiètes pas du tout sur la suite, ne t’inquiète pas 🙂
      La manière dont on est arrivé à la généalogie illustre bien le rapport qu’on peut entretenir avec notre histoire familiale…

  5. Pour ma part, je suis venue à la recherche généalogique par ma nièce étudiante à l’époque. Il est vrai que je m’intéressais à tout ce qui me reliait à ma famille, maternelle surtout, photos, rencontres de cousins éloignés etc… Du coup, mes recherches ont commencé par ma branche paternelle, la branche silencieuse avec des rapports plus ambigus ;;; et c’est ma « jeune » nièce qui m’y a lancé avec une découverte pas banale. Et les échanges continuent entre membres de la famille, , « cheveux blonds ou cheveux gris », avec qui je partage mes découvertes par des albums, de livres et pour les plus éloignés, des photos qui ne font que commencer à goûter à ce plaisir avec chacun leur motivation. En fait, on déclenche un effet de contamination.
    Marie

    1. Merci Marie pour votre témoignage 🙂
      L’effet de contamination existe c’est vrai, même si le terme est connoté !

  6. Guillaume, j’ai commencé à m’intéresser à la généalogie vers 1990 et je me rappelle que j’étais une des plus jeunes à l’époque à la bibliothèque. La généalogie était considérée comme un loisir de retraité. Une fois la lignée paternelle remontée, les gens ne comprenaient pas que je « continue ». Ah! la la! La seule chose que je regrette c’est que les réseaux sociaux n’existaient pas car je trouve que c’est vraiment chouette ce sentiment de communauté entre les généablogueurs/généalogistes aujourd’hui. 🙂

    1. Je pense comme toi que les réseaux sociaux et l’avènement des blogs a définitivement changé l’image et la façon de faire de la généalogie. Et c’est tant mieux car pour le coup l’évolution est, dans son ensemble, vraiment qualitative… Merci de ton témoignage Diane 🙂

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