Voici quelques temps que je réfléchis à écrire un petit billet sur mes ancêtres lyonnais. Sans vraiment savoir par quelle branche commencer. Lorsque j’ai commencé ma généalogie maternelle, la seule information que j’avais à disposition est que nous venions d’Algérie. De l’Algérie coloniale. Très vite, j’ai défriché les diverses branches de mon ascendance, trouvant des racines espagnoles, suisses, allemandes… et bien entendu françaises. Parmi lesquelles donc, des racines issues de Lyon et sa région. À l’époque, ça m’avait interpellé car j’habitais justement Lyon, qui est devenue comme ma ville de cœur et que j’affectionne particulièrement. Puis, dans la précipitation qui accompagne les premières découvertes, j’avais laissé un peu de côté cette branche, à l’époque les archives en ligne n’étant d’ailleurs pas aussi fournies qu’aujourd’hui.
Récemment, j’ai décidé de m’y replonger et de creuser un peu mes racines et avec succès car j’ai débloqué de nombreuses branches et suis remonté en lignée directe relativement haut, entre le début du XVIIe siècle pour certaines, et même milieu du XVIe pour d’autres. Bien entendu, les recherches sont très loin d’être terminées puisqu’il me reste toutes les lignées collatérales, toutes les sources complémentaires de l’état civil et des registres paroissiaux à explorer. Mais peu importe, ces découvertes récentes m’ont donné envie d’écrire, et c’est bien là l’essentiel.
Un point de départ : l’Algérie
1868. L’histoire commence à Mascara, petite ville oranaise de l’Algérie coloniale où se marient Joseph Claude Poizat, né le 4 mai 1844 à Lyon et Louise Henriette Guillod, une Suissesse native d’Yverdon (aujourd’hui Yverdon-les-Bains), dans le canton de Vaud. Joseph Claude est désigné comme étant employé aux Ponts et Chaussées. En effectuant une recherche dans la base des registres matricules militaires de l’Algérie coloniale, je retrouve son recrutement miltaire : j’y apprends qu’il est domicilié à Mascara, qu’il sait lire et écrire, qu’il exerce la profession de jardinier, qu’il appartient au 2e régiment de Zouaves mais aussi, et surtout, qu’il s’est engagé volontairement dans l’armée et qu’il appartient de fait à la classe de 1861. Il s’est donc engagé à 17 ans.
Une migration familiale ?
Natif de Lyon, la question est de savoir quand est-ce que Joseph Claude rejoint l’Algérie. Son acte de mariage nous éclaire quant à sa situation familiale. Son père, Jean Claude Poizat, bijoutier, est décédé à Lyon le 9 mars 1848. Sa mère, Jeanne Antoinette Dubessy est, elle, également décédée mais à Mascara le 27 juin 1852. À cette date, Joseph Claude n’a que 8 ans : est-ce qu’il est déjà avec sa mère en Algérie ? Rien ne nous l’indique mais il est fort probable que oui. Je sais par ailleurs que Joseph a une soeur aînée, Jacqueline Gabrielle, née en 1839 à Lyon mais pour laquelle je n’ai aucune information. Je suppose qu’après le décès de Jean Claude, la mère et ses deux enfants sont partis en Algérie.
Une migration politique ?
Là encore, assez peu d’éléments en ma possession. C’est en faisant le parallèle de toutes les dates que l’idée me vient en tête. Jean Claude est décédé en 1848, année de la révolution et de la proclamation de la Seconde République. Grâce à l’acte de décès de Jeanne Antoinette, je sais que la famille migre entre 1848 et 1852. Or, suite au coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte en décembre 1851, de nombreux opposants politiques au régime impérial sont envoyés dans les colonies et notamment en Algérie. Pour autant, je ne trouve aucune trace ni d’éventuels Poizat, ni d’éventuels Dubessy dans les listes officielles des inculpés de juin 1848 ni dans celles concernant les poursuivis à la suite du coup d’Etat de 1851.
Toutefois, grâce à la numérisation d’une partie de la presse lyonnaise, il m’est possible de savoir que le père de Jeanne Antoinette, Michel Dubessy (1789-1840) appartient au camp des Républicains et contribue, en juin 1833, à la souscription organisée par le journal populaire La Glaneuse, traîné en justice pour des raisons politiques. Cela me laisse présager des opinions familiales Poizat-Dubessy, avec toute la réserve qui est de mise.
La lignée Poizat
Revenons désormais sur la lignée Poizat. Joseph Claude, comme son père Jean Claude (1815-1848) et comme son grand-père Gabriel (1794-après 1847), sont tous trois natifs de Lyon, plus précisément du 2e arrondissement, très commerçant et populaire à l’époque. Jean Claude exerce sa vie durant le métier de bijoutier alors que son père, lui, était ouvrier et fabricant d’étoffes de soie, avant de devenir marchand de vin et revendeur d’eau de vie. Jusqu’en 1847, je retrouve Gabriel Poizat dans les recensements de population de la ville de Lyon, domicilié au 6 de la rue Bourgchanin (aujourd’hui rue Bellecordière). C’est grâce à ces archives que je connais les différentes activités de Gabriel. Grâce à eux également, je sais qu’il ne déclare avoir qu’un enfant : or, Jean Claude avait un frère, né en 1818, Claude François (ça ne s’invente pas !) : tout laisse à penser donc que ce dernier est décédé. Devenu marchand, est-ce pour cette raison que je ne retrouve pas le décès de Gabriel dans les tables décennales de Lyon ? Pour l’heure en tout cas, je n’en sais pas plus.
Avant Lyon
Pour savoir d’où sont originaires les Poizat, il convient de se pencher sur les parents de Gabriel, Jean Etienne Poizat (1758-1814) et Marguerite Champagnon (1754-1838). S’ils se marient en effet à Lyon à la veille de la Révolution, en 1787, Jean Etienne est natif de Chaponost, à l’ouest de la capitale rhodanienne. Il exerce par ailleurs le métier de maître cordonnier. Ses parents, Jacques Poizat et Julienne Berthaud s’y marient en 1741. Jacques, maître tailleur d’habits, y décède d’ailleurs en 1784. Dans les registres paroissiaux mentionnant leur mariage justement, nous apprenons que Jacques est natif de la paroisse de Pollionnay, à quelques kilomètres au nord-ouest de Chaponost. Les parents de Jacques, Etienne Poizat et Florie Berthaud se sont bien mariés à Pollionnay en 1707 mais, fait paradoxal, si je retrouve pas moins de 11 enfants du couple, je ne retrouve pas la mention du baptême de Jacques dans les registres paroissiaux de la commune de Pollionnay. Il va falloir que je m’arme de patience et que je reprenne la lecture des registres.
Pollionnay, lieu d’origine des Poizat ?
À Pollionnay, il est possible de consulter les registres paroissiaux à partir de de 1661. Grâce au mariage retrouvé d’Etienne Poizat et de sa femme en 1707, je connais les parents de ce dernier : Benoît Poizat et Etiennette Platet : je retrouve même le mariage de ces derniers à Pollionnay en 1672. Malheureusement, l’acte n’est pas filiatif. Toutefois, je constate qu’il existe plusieurs familles Poizat à Pollionnay toutes dotées d’un sobriquet comme il est d’usage dans beaucoup de communes de France. Les miens s’appellent Poizat dit Marna(z) et je retrouve des Poizat dit La Grange ou encore des Poizat dit Tiuillot (Tuyau?) et même un Poizat dit Milant.
Néanmoins, en épluchant les registres paroissiaux à partir de 1672, je n’arrive pas à mettre la main sur le baptême de leur fils Etienne. Une fois n’est pas coutume ! Ce qui m’interpelle pour le coup, c’est que la première naissance issue du couple, je la trouve en 1676 soit 4 ans après leur mariage. L’acte de baptême mentionne qu’ils habitent « la Rapeaudière » qui se situe bien, sauf erreur de ma part, dans la commune de Pollionnay. Je trouve ensuite une deuxième naissance en 1684, puis une troisième en 1691 : autant vous dire qu’un tel écart entre les naissances est très suspect et il y a fort à parier que la famille soit mobile.
Pour preuve, au hasard des registres, je trouve la mention d’un Pierre Poysat (oui, Poizat s’écrit à l’époque avec un Y) dit Marna(z), maréchal à Grézieu-la-Varenne, petit village qui jouxte Pollionnay au sud-est. Un rapide coup d’oeil aux registres paroissiaux de cette dernière commune m’indique qu’il y a bien des Poysat dit Marna(z) qui habitent la paroisse mais aucune trace de ceux qui m’intéressent. Loin d’être terminées, les recherches liées aux collatéraux de mes ancêtres m’en diront peut-être plus sur l’origine des Poizat. De longues heures de recherche m’attendent encore.
Synthèse de la lignée Poizat
n°58 |
Joseph Claude POIZAT
(1844-après 1901) (x 1868) |
n°116 | Jean-Claude POIZAT
(1815-1848) (x 1838) |
n°232 | Gabriel POIZAT
(1794-après 1847) (x 1814) |
n°464 | Jean Etienne POIZAT
(1758-1814) (x 1787) |
n°928 | Jacques POIZAT
( -1784) (x 1741) |
n°1 856 | Etienne POIZAT
(x 1707) |
n°3 712 | Benoît POIZAT
(x 1672) |
Petit complément : l’origine du nom
À défaut de connaître le lieu exact d’origine des Poizat, le patronyme est un toponyme lié au sens de petit puits (du franco-provençal pwè, pòei, puits, du latin puteus). D’après GABION, Robert, Dictionnaire des noms de familles de Savoie, Haute-Savoie, canton de Genève (partie), Montmélian, La Fontaine de Siloé, 2011, p.780.
Sites d’archives
Archives départementales du Rhône
Archives nationales d’Outre-Mer – Etat civil colonial de l’Algérie
Voilà des lieux bien éloignés de ce sur quoi je travaille habituellement, vraiment passionnant!
Merci Marion pour le commentaire 🙂
Une grande partie de ma famille est originaire de l’Ain, un lieu appelé… Le Poizat (commune du canton de Nantua) ! Mais mon arbre ne porte pas ce patronyme…
Mélanie – Murmures d’ancêtre
Salut Mélanie, oui en effet il s’agit d’un toponyme fréquent dans les départements du Rhône, de la Loire, de l’Ain et aussi de l’Isère (où une ville de la banlieue grenobloise s’appelle d’ailleurs Poisat).
Tu as déjà bien travaillé sur cette branche. Ce récit me parle : je vois les lieux où ces personnes ont habité à Lyon et alentours. La généalogie de mon mari est en partie lyonnaise. J’imagine bien les femmes qui ont pu être des clientes de ton ancêtre bijoutier.
D’autre part ma branche paternelle, fort différente par ses idées politiques, se rapproche des Républicains participants au coup d’État de 1851.
Je vais suivre avec intérêt tes recherches.
Merci pour le commentaire et oui je me rappelle que tu cherchais récemment des informations sur 1851. Ravi de savoir que mes recherches trouvent un écho en toi et qui sait, nos ancêtres se sont certainement croisés à Lyon 🙂
Il y a également des Poizat dans les deux départements de la Savoie, et un lieu-dit Le Poizat en Savoie, près du lac du Bourget
Tout à fait, et d’ailleurs j’ai tiré l’origine du patronyme de l’excellent Gabion qui concerne au départ les deux Savoie et une partie du canton de Genève! Merci pour le commentaire
Bonjour Guillaume
existe t il un lien entre tes ancêtres et le nom que porte une rue à Villeurbanne près de la Gare du tram ,
Merci de ta réponse
Cdt
Gérard
Bonjour Gérard,
Je ne connaissais pas l’existence de cette rue ! Il faudrait voir avec la mairie d’où provient la dénomination de cette rue. Mais pas de lien à ma connaissance. Merci de l’info !
Bonjour
on trouve des POISAT, POIZAT, PUYS, dans les insinuations en ligne (Voir Juridictions royales et seigneuriales sur Geneanet) notamment à Saint-Denis-les-Ollières au XVIe et XVIIe siècles.https://www.geneanet.org/archives/registres/view/?idcollection=187672&page=157