Histoire soufflée à l’écoute du fameux Lac des Cygnes de Tchaikovsky. Que je propose d’écouter en même temps que la lecture de ce #RDVAncestral particulier.

Été 1852. Hameau du Pré. Saint-Sorlin-d’Arves.

« Puisque je te dis que je l’ai vu en songe. Il était là, devant moi, comme tu te tiens. Il m’a prévenu du foin dans la grange et il m’a asséné : « l’incendie guette, les flammes n’ont besoin que d’une allumette ! »

– François, notre grand-père est mort depuis 15 ans. 15 foutues années ! La semaine dernière, c’était notre mère que tu as vu en rêve, la semaine d’avant : l’autre grand-père, la semaine encore avant : ton beau-père pris dans une avalanche. Demain, ce sera quoi ? Les enfants ressuscités des Prés-Plans ? (1)

François baisse les yeux en écoutant, gêné, les remarques de son frère Sorlin. Est-il saisi de folie ?

« Mais… »

Puis se tait soudainement, claque ensuite la porte dans un soupir et des murmures agacés, essuyant les rires de son frère tentant de prendre à témoin Étienne, lequel déplore de voir son père peu pris au sérieux.

François vient de fêter son 43e anniversaire. Il s’éloigne dans une nuit de juillet qui tarde à tomber. Déambule jusqu’à l’église de Saint-Sorlin-d’Arves, hésite à pénétrer dans le cimetière. Qu’irait-il y faire à cette heure ? Voici le recteur de la paroisse, Alexis Bouttaz, venant à sa rencontre.

« Tout va bien, mon cher François ? Quel que soit le tracas, n’oublie jamais que Dieu serre la gorge mais n’étrangle jamais… »

D’abord surpris par le ton amical, presque familier, du curé, François hésite à répondre. Raconter ses séries de rêves apporterait quoi de plus que d’être pris au mieux pour un illuminé, au pire pour la victime du Malin.

« Tu peux me parler. »

François se met alors à débiter. Comme un catalogue de rêves. Tous les morts de sa famille y passent, mais pas seulement.

« Je crains, mon père, que mes fils ne partent pour des contrées lointaines. Avez-vous entendu parler de l’or américain ? Un vieillard m’a parlé de fièvre en souriant dans une de mes rêveries. Comment puis-je donner du crédit à ces terribles projections ?

– Ne retiens rien ni personne. Ce que Dieu donne, Il le reprend. Prie et sois confiant. Ta maison brûle ? Reconstruis-la. Ton fils s’en va ? Souhaite-lui le meilleur. Ton grand-père te parle en songe ? Alors écoute-le et prie pour le repos de son âme dès le réveil. »

Les deux hommes ont pris le temps de s’asseoir, la scène est telle que François se demande en fin de compte si tout ceci n’est pas de nouveau un rêve. Tout est toujours très réaliste. Jusqu’au moindre détail. François se lève brusquement.

« Enfin, mon père, arrêtez de me parler de la sorte ! Vous semblez cautionner tout ça. Rêver des morts n’est pas possible. N’est pas imaginable. N’est pas sensé ! Combien de morts dois-je voir en songe avant d’être victime de possession, hein ? Combien ? Mais répondez-moi bon sang ! »

Silence.

« Je perds la tête, ma parole… »

François se tient alors le front avec l’une de ses mains, alors même qu’il transpire à grosses gouttes. L’alcool ? Pas une goutte aujourd’hui. Les respirations sont rapides, le curé est stoïque, fixant le pauvre homme en sueur d’un regard apaisé. De plus en plus inquiet, François vacille, l’angoisse ayant raison de son équilibre, manque de tomber en se retenant à l’un des murets entourant l’église et son cimetière.

« Père ! Que vous arrive-t-il enfin ? Vous criez depuis tout à l’heure alors même que vous semblez dormir profondément !

– Mon petit Étienne (2), que Dieu te préserve des tracas du temps qui passe. Tout va bien, rendors-toi, juste quelques mauvais rêves. »

Notes

(1) La chapelle Notre-Dame-de-la-Vie, située en marge du village, au hameau des Prés-Plans, est réputée, aujourd’hui encore , guérir et faire des miracles. Bâtie au XVIIe siècle, restaurée en 1855, dans le temps, ce sont les enfants morts nés que les familles s’empressent de ramener : la légende dit que l’enfant en question ressuscite le temps de son baptême.

(2) Il s’agit bien d’Étienne Brunet, parti en Californie en 1858.

17 janvier 2017. Cette fois, c’est la bonne, c’est le jour J. Mon premier roman est enfin disponible !

“Je suis pour la vie”, mon premier roman, est disponible à la vente au tarif de 15 euros (hors frais de port en cas d’envoi postal). Janvier 2017, tous droits réservéss

L’émotion est particulière car c’est l’aboutissement d’un travail de longue haleine, une espèce de course de fond qui nécessite patience et endurance. J’ai une pensée pour mon grand-père, à qui je dédie ce livre. Que j’aimerais le voir tenir entre les mains ce petit bouquin. Où qu’il soit, j’espère que la mise en lumière de l’histoire de ses grands oncles – dont il ne connaissait finalement pas grand chose en fait, fera écho au souvenir qu’il s’était fabriqué autour d’eux. Je veux remercier également toutes les personnes qui sont intervenues de près ou de loin dans le projet. En réalité, je n’ai pas l’impression d’une aventure qui se termine mais vraiment d’une qui commence. Et à vous, chers lecteurs, qui j’espère serez nombreux, un grand merci pour l’intérêt que vous portez à mon travail ! Mille mercis.

Afin de vous procurer l’ouvrage, donc, je vous propose deux solutions :

  • Soit vous habitez Saint-Jean-de-Maurienne et ses environs, auquel cas il suffit de m’envoyer un message privé ici ou via les réseaux sociaux afin de fixer une date et un lieu de rencontre. Pour rappel, le tarif du livre est de 15 euros.
  • Soit je vous l’envoie par La Poste, auquel cas je vous demande de m’adresser un règlement de 19€ (15€ + 4€ de frais d’envoi) par chèque de préférence, ou éventuellement par virement (plus de détails en message privé) avec vos nom, prénom et adresse postale.

N’hésitez pas, une fois le livre lu, à me faire part de vos impressions et puis tant qu’à faire, à en parler autour de vous, pourquoi pas à le suggérer à vos entourages… On appelle ça le bouche-à-oreille, non ?

A très bientôt !