Chiant ? …Patatras, je remballe, redonnez-moi cet acte de mariage, je me tire !

Non franchement, si à l’issue de ce Challenge, si à l’issue de ces 29 questions, vous vous posez vraiment la question de savoir si la généalogie c’est chiant : alors c’est que j’ai raté le défi, manqué ma cible quoi !

Plus sérieusement, la généalogie peut avoir plein de défauts, mais pas celui d’être chiante. Quand on fait de la généalogie, on fait de l’histoire, de la démographie, on découvre des secrets, on s’émeut, on reconstruit une mémoire, on reconstitue des trajectoires, bref, on touche à tellement de domaines, on dévoile tellement de pans qu’il est difficile voire impossible de s’ennuyer.

Si c’est le cas, c’est peut-être que vous vous êtes trompé de vocation, de passion, même de passe-temps. C’est dommage, on aurait pu partager nos petites anecdotes. Non pas que cela nous empêche de prendre un café et de parler de l’Euro 2016, mais c’est vrai que la généalogie est un sujet tellement vaste qu’il constitue un moteur à lien social.

En fait, il n’y a pas de vision unique de la généalogie : à travers tout le mois de juin, j’ai tenté de vous donner la mienne, celle d’une généalogie ouverte, qui se conjugue au présent et surtout dépoussierée d’un tas de clichés. J’ai tenté enfin de partager avec vous – je sais que la plupart d’entre vous, qui me lisez, est déjà généalogiste donc je partais avec un avantage : il est toujours plus simple de prêcher un convaincu – ma passion, mon métier depuis peu. J’ai voulu sortir des articles classiques sur tel ou tel ancêtre ou telle branche familiale, parfois avec regret car ça me manquait, afin de vous proposer un Challenge décalé, tantôt ironique, tantôt sarcastique mais toujours placé sous forme de question car la généalogie interpelle toujours de prime abord. «Ah ? La généalogie, c’est ton truc ? » Bah ouais !

Au risque de cramer tous mes articles, lorsque j’ai commencé à rédiger ce Challenge – incroyablement tôt puisque nous étions en avril ou en mai – m’est venu un jeu de mot hasardeux, presque ringard, mais que je ne voyais nulle part ailleurs dans mon Challenge. En phrase de clôture, comme si je devais terminer un discours d’oscar, vous voyez, un truc du style :

« […] Je remercie enfin tous celles et ceux qui ont participé de près ou de loin à ce Challenge, par leur lecture assidue, leurs commentaires, leurs partages sur les réseaux sociaux ou encore leur simple visite ici sur ce blog. Tous celles et ceux qui, enfin, qui contribuent à me faire dire que rechercher ses ancêtres, pratiquer ma passion, ce n’est pas faire de la généalogie, mais c’est faire de la génialogie. »

Clap, clap, clap, levée de main, salutations, etc. Ou pas !

Merci à tous, on se retrouve très vite sur le blog. Et félicitations à tous les copains d’avoir été au bout – ou presque – de cette édition. Vous retrouverez tous les articles via la Flipboard animé avec talent par Sophie et Brigitte.

Guillaume

Ah comme ça, ça parle de formation : vous commencez à vous intéresser de près à mon métier, jeunes loups !

Bien sûr qu’il existe des formations, encore trop peu nombreuses certes, mais qui ont le mérite d’exister.

  • Des diplômes universitaires (le seul en enseignement à distance intégral, je précise, reste celui du Mans, que j’ai suivi)
  • Des spécialités de Master

Et puis, la meilleure formation reste l’expérience, c’est en forgeant que l’on devient forgeron comme dit le dicton. Je pense quand même qu’une formation de base est nécessaire, non seulement pour connaître tous les fonds archivistiques consultables, mais également parce que de vraies compétences sont requises pour faire de la généalogie, je pense notamment à la paléographie (allez déchiffrer des pattes de mouche vous sans aucun bagage, c’est chaud quand même).

Après, ça reste relatif. Pour exercer la profession de généalogiste, aucun diplôme n’est exigé. Pour pratiquer la généalogie parce que c’est votre nouvelle passion, il se peut que vous n’ayez pas forcément envie d’investir dans une formation – pourquoi pas après tout ?

L’expérience, la patience, la passion et l’échange avec d’autres généalogistes constituent de fait une formation pratique très enrichissante. Vous n’avez plus d’excuses pour ne pas vous y mettre !

X comme Xylophone… Vous sentez la galère de constituer un abécédaire là ? Alors avant de prendre à la légère le prochain Challenge AZ, vous essayerez de faire un alphabet sur un thème donné tiens !

Bon, le rapport, que dis-je, les rapports sont évidents entre xylophone et généalogie.

Premier rapport : le xylophone c’est un instrument de musique, la musique c’est essentiel dans la vie. Pas une recherche ne passe sans un fond sonore – des fois, le calme c’est bien aussi, je vous l’accorde – ou illustre une découverte que vous venez de faire : bim, vous lançez le son et vous bougez votre corps pour fêter ça ! Faites-le quand vous êtes seul, quand même, de préférence.

Deuxième rapport : le xylophone, vous voyez comment c’est ? Chaque lame peut être représentative d’une de nos lignées, lesquelles sont à la fois toutes différentes et reliées à un même instrument, à un même arbre. Vous ne vous y attendiez pas à ce rapport poétique, hein ? D’autant que le type de xylophone varie d’un continent à l’autre et renvoie à des pratiques culturelles bien différentes et distinctes : un peu comme la généalogie. Le rapport au passé, aux origines et à nos ancêtres est très différent selon où l’on se trouve dans le monde.

Troisième rapport : les xylophonistes ! Les généalogistes sont comme des musiciens qui composent et jouent leur arbre à leur manière, selon leurs envies, leurs formations, leurs sensibilités, bref, les généalogistes sont des artistes. Je suis un artiste, nouvel argument à prôner quand vous expliquez ce qu’est la généalogie et vous défendez d’être généalogiste ! Un artiste, Monsieur !

Dites-moi comment vous vous appelez et je vous dirai qui vous êtes… Non pas grâce à ma boule de cristal mais à partir de l’origine de votre nom. Eh oui, d’où viennent nos patronymes ? Un peu d’histoire – ne faites pas la tête, je serai bref. En gros, les patronymes commencent à se fixer en France à partir du XIIe siècle et deviennent fixes dans le dernier quart du XVe siècle avec Louis XI qui interdit à ses sujets d’en changer. Avant le XIIe siècle, les patronymes n’existent pas, exceptés bien sûr les lignées dites prestigieuses. Ainsi, nos ancêtres étaient appelés Jean fils de Mathieu, Micheline fille de Barthélémy, jusqu’au moment où la densité de population a fait qu’avec trois Micheline filles de Barthélémy par commune, on était bien embêtées pour différencier les homonymes.

Quatre types de patronymes :

  • Le nom dérivé d’un prénom

Tous les Didier, Martin, Michel, Robert, j’en passe et des meilleurs, descendent, je parle en règle générale (il peut exister des cas particuliers) d’un ancêtre éponyme. Ceci explique que l’on en retrouve partout en France et que ce soit des patronymes très répandus en France : n’allez donc pas croire si vous portez le patronyme Michel, que tous les Michel sont vos cousins !

  • Le nom dérivé d’un nom de lieu

Les Dupont, Deléglise, Dufour, Delarue, Dubois… se réfèrent tous à un nom de lieux-dits. Ainsi Jean habitant près de l’église d’un village s’est vu attribué le patronyme Jean Deléglise. Ce type de nom est également très répandu.

  • Le nom dérivé d’une particularité physique ou morale ou d’un sobriquet

Les Lebrun, Leboiteux, Brun, Brunet, Leborgne, Lebon, Gentil sont tous issus d’ancêtres dont le patronyme a été formé à partir d’une particularité physique ou morale, ou d’un sobriquet… Pour le meilleur, et parfois pour le pire !

  • Le nom dérivé des professions

Les Maréchal, Pellissier, Teyssier, Fournier, Boyer, Cocher se rapportent tous à une profession certainement exercée par des ancêtres de la lignée.

Bien sûr, il arrive que les patronymes ne soient pas aussi simples à déchiffrer. Il convient alors de s’intéresser à l’étymologie de votre patronyme et d’en faire l’étude, un peu comme pour les prénoms. On désigne cette étude générale des noms propres onomastique.

On se prend finalement assez vite  au jeu : faites le test autour de vous, prenez des noms de famille et essayez d’en repérer l’origine. Au-delà du fait que vous pourrez moucher un pote qui vous énerve dans une soirée avec un « tu sais d’où ça vient Ducon ? », peut-être que vous verrez autrement vos proches ou du moins ceci éclaircira peut-être la vision que vous en avez !

…Bon, je concède que j’ai peut-être un peu survendu ce billet. Vous en jugerez par vous-même dans quelques minutes. L’idée, c’est en effet de dire que par la généalogie, on peut voyager. Selon l’INSEE, près de 40% des enfants nés entre 2006 et 2008 ont au moins un grand-parent issu de l’immigration. Cela pour dire qu’il y a quand même de fortes chances pour qu’au fil des recherches, vous découvriez des ancêtres venus de pays ou de régions dont vous n’aviez aucune connaissance. Sans même parler d’origine, la migration d’un ancêtre ou d’un de ses frère/sœur vous fera voyager de la même manière. Les probabilités sont quand même très fortes. Moi-même qui pensais que de mon côté paternel, a priori très implanté dans les Arves, je n’allais pas être amené à m’intéresser à d’autres communes, j’ai été surpris – agréablement – de constater qu’un certain nombre de mes aïeux viennent du Dauphiné – de l’Oisans plus précisément – ou d’autres communes de Maurienne. Ils ne sont certes pas majoritaires mais cela suffit pour explorer d’autres fonds et ouvrir d’autres perspectives de recherche.

C’est là le double-emploi du titre de mon billet du jour : voyager géographiquement, physiquement, et voyager… dans les archives ! Vous ne l’aviez pas vu venir celle-là, si ?

  • Vos vacances n’auront pas la même saveur

Quand vous vous arrêtez en vacances dans un coin de France ou d’Europe, ou du monde, qui ne vous inspire pas vraiment, tout change quand vous savez qu’une partie de vos ancêtres y ont vécu. « Non mais c’n’est pas si mal en fait » eh oui, vous deviendrez peut-être même chauvin – à propos du chauvinisme primaire, Brassens a déjà tout dit à travers sa Ballade des gens qui sont nés quelque part. Pause musicale, écoutez bien les paroles !

Ceci étant, la généalogie vous poussera peut-être même à voyager pour justement aller voir de vos yeux les lieux dans lesquels ont vécu celles et ceux qui vous ont précédé. Si je dois cartographier pour ma part tous les lieux d’origine de mes ancêtres, je crois que j’en aurai pour une vie entière à tout parcourir : à peu près tout le Sud de la France (Pyrnées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Gard, Lozère, Hérault), la Savoie – ça, je connais -, l’Isère, la région parisienne, la Suisse, l’Allemagne, l’Espagne, l’Algérie…

Avant de voyager, vous pouvez déjà voir à quoi ressemblaient les paysages de vos ancêtres à travers Internet et aussi les cartes postales anciennes – attention, la cartophilie est un virus très contagieux.

  • Découvrir de nouveaux fonds archivistiques

Au-delà de voyage en tant que tel, c’est toujours particulier de changer de commune pour parcourir d’autres fonds d’archives : pour avoir énormément travaillé sur Saint-Sorlin-d’Arves et mes ancêtres paternels – je navigue dans les fonds de Saint-Sorlin comme personne – me retrouver dans une nouvelle commune nécessite toujours un petit temps d’adaptation : je pense surtout aux registres paroissiaux quand je parle d’adaptation, dans lesquels nous sommes vraiment tributaires de l’orthographe du curé.

Enfin, changer de commune, de région, parfois même de pays, ouvre souvent, de fait, de nouveaux fonds archivistiques. Pour le plus grand bonheur des généalogistes… ou pas ! Car très souvent en effet, le généalogiste est vite limité par Internet, arrive alors la frustration de ne pouvoir se rendre sur place.

Vous n’avez plus qu’à vous y rendre ou à attendre que les fonds soient numérisés : pour ma part, j’attends depuis le début de mes recherches généalogiques l’état civil et les registres paroissiaux des Hautes-Pyrénées. Mais comme tout vient à point à qui sait attendre, les registres paroissiaux viennent d’être mis en ligne en avril dernier. Là, il faut du café, du temps et le plaisir viendra de lui-même !

Le piège de la généalogie ? Ne plus s’alimenter devant son écran, ne plus boire, ne plus se laver, ne plus avoir de vie sociale, ne plus sortir, bref, devenir un fantôme de votre famille – quelle ironie du sort ! Quand vous commencez à vous réveiller la nuit pour y penser… c’est mauvais signe – merde, je ne veux pas perdre ma vie sociale moi !

Quand vous sentez que vous perdez le contact, pourquoi ne pas aller interroger et parler avec les membres de votre famille ? Je ne vous dis pas qu’il faille organiser un repas dominical en grandes pompes ni même aller voir des membres de votre famille exclusivement pour qu’ils vous servent les résultats de vos recherches sur un plateau, pas du tout même. Parenthèse : je pars du principe qu’il s’agit là d’un témoignage familial mais rien ne vous empêche d’aller simplement errer dans les rues de votre village ou ville d’origine pour essayer d’interpeller des gens simplement pour connaître l’histoire du quartier, de la commune, etc.

Outre le lien social que cela offre, le témoignage oral reste une source précieuse en tout cas que je considère comme telle dans le sens où elle est, en soi, une transmission. On n’est plus dans la recherche un peu froide entre vous et des registres ou un écran, mais bien sur le terrain, dans la rencontre avec quelqu’un qui, bien souvent, n’attend qu’une chose : vous raconter ses souvenirs, transmettre sa mémoire.

Pour autant, une source orale n’est pas infaillible, du moins pas plus infaillible qu’une source manuscrite ou que des archives d’autres types. Il convient toujours de critiquer ses sources orales, plutôt en aval – ne vous amusez pas à contredire votre interlocuteur-rice à chaque erreur ou date erronée qu’il ou elle évoquera.

Le processus mémoriel m’intéresse depuis mes études d’histoire et je trouve d’ailleurs très intéressant de pouvoir cerner la construction, la reconstruction mémorielle d’un individu – et je ne parle pas d’une reconstruction forcément volontaire, même à 20 ans, votre mémoire est un produit reconstruit, ben si.

Le témoignage oral, en outre, permet parfois une transmission qu’aucune archive ne pourra vous retranscrire : une émotion, un sentiment, un vécu. Et pour le coup, croiser et entremêler témoignages oraux et sources archivistiques est vraiment intéressant. Alors coupez un coup les réseaux sociaux et autres machines à clavier et allez à la rencontre des mémoires qui vous intéressent !

Note : il existe toute une méthodologie pour recueillir des sources orales – eh oui ça se prépare, enfin si vous voulez faire ça dans les règles de l’art – que je peux vous détailler si vous le souhaitez ou si cela vous intéresse. Cela me permettra en plus de replonger dans des cours de fac très intéressants.

Il fallait bien que la question tombe, vous voulez trouver des trésors et c’est bien naturel. Faire de la généalogie, c’est aussi s’émouvoir, oui, tout à fait monsieur cœur de pierre. Derrière chaque généalogiste se cache un petit cœur sensible et comment pourrait-il en être autrement face à des archives parfois déroutantes ?

Les termes de la question sont peut-être mal choisis en ce sens que toute recherche, je dis bien toute recherche, peut cacher des petits comme des grands trésors. Imaginez-vous devant une lettre d’un grand-oncle écrite dans les années 1860 depuis la Californie et qui explique l’ambition d’une vie meilleure, qui tente en vain de convaincre sa famille de le rejoindre et qui remet finalement son destin dans les mains de Dieu. Difficile de ne pas transposer ne serait-ce qu’une once d’empathie. Imaginez-vous également face à un acte décrivant l’abandon d’un enfant par sa mère (Pauline en a fait un Challenge AZ très intéressant l’année dernière). Imaginez-vous enfin devant un article de la presse ancienne relatant une remise de prix quelconque à l’un ou l’une de vos ancêtres : ça donne envie, non ?

Mais les trésors d’archives ne sont pas tous larmoyants ou basés sur l’émotion, non, vous pourrez tomber parfois, au détour d’actes de baptêmes ou de sépultures, sur un curé inspiré qui dessinera un visage ou qui relatera sa vision de la vie ou d’un événement venant de se produire dans sa commune. Vous pourrez tantôt sourire de l’écriture hasardeuse d’une ancêtre écrivant une lettre administrative, tantôt vous surprendre à découvrir un cousin extraordinairement mort vieux – 111 ans, avouez que ce n’est pas fréquent !

Chaque trésor est relatif : partant de ce principe, toute trouvaille est potentiellement un trésor. Je vous assure qu’après avoir cherché des mois durant le mariage d’un couple de vos ancêtres, vous considérerez comme trésor l’acte enfin trouvé. C’est vous qui fixez la valeur et la richesse de vos recherches : quand le facteur chance s’en mêle et vous donne un coup de pouce, les recherches prennent une saveur particulière. Qui sait, peut-être que vous tomberez même sur des records de généalogie, que certains s’amusent à relater ici.

Eh bien déjà c’est une drôle de façon de voir vos ancêtres, vous êtes bien médisant-e !

Dire que l’on n’a pas d’ancêtres intéressants, ça n’a aucun sens. Sérieusement, qui fixe les règles de l’intérêt d’un individu ? Parce que vous n’avez pas d’ascendance noble ? Parce que vous n’êtes pas fier du parcours de vos ancêtres ? Parce que vos aïeux travaillaient tous la terre et que n’y voyez aucun intérêt ? Sur quoi se baser pour porter un tel jugement sans appel ?

Quand bien même, cela vous appartient de porter le jugement que vous voulez sur vos ancêtres, mais c’est toujours intéressant de connaître qui ils étaient, ce qu’ils faisaient, où ils vivaient, comment se sont articulées leurs trajectoires de vie, non ? Je vous rappelle que vous êtes issus d’eux… N’en déplaise à votre intérêt !

Un autre principe que j’applique à la généalogie mais pas que : la remise en question permanente. Rien n’est jamais figé : bien sûr que cela arrive d’étudier une lignée qui ne nous passionne pas forcément et cela pour diverses raisons comme le manque de sources par exemple ou le manque d’intérêt aussi – mais entre ne pas s’intéresser à tels ancêtres et considérer qu’ils sont inintéressants, il y a quand même de la marge non ? – mais rien ne vous dit que dans quelques années, cette même lignée vous fera passer des heures de recherches passionnantes… Tordez le cou aux idées reçues et autres a priori, les copains !

Enfin, si vous êtes hermétiques à l’histoire de votre famille, c’est qu’il y a forcément une raison, demandez-vous pourquoi un tel blocage ? Je rencontre en effet régulièrement des gens très critiques et très hermétiques à l’idée même de rechercher ses ancêtres : on rejoint l’idée du « passé, c’est le passé » et même, d’une certaine façon, à l’appréhension d’un travail éventuellement psychogénéalogique. Détendez-vous hein, rechercher ses ancêtres, à la base, c’est un plaisir, pas un fardeau 🙂

En voilà une question intéressante. La généalogie génétique, tout le monde commence à en parler mais de quoi s’agit-il ? Outre l’argument médical et judiciaire, la loi française ne permet pas de mener des recherches génétiques, et encore moins à des fins généalogiques. Pour autant, d’autres pays comme l’Angleterre, les Etats-Unis ou encore la Suisse, autorisent la recherche génétique et plusieurs sociétés commerciales vous proposent de savoir si vos ancêtres étaient Vikings, Celtes, Germains… Présenté comme ça, c’est alléchant, avouez que c’est classe de se dire que Ragnar Lothbrok est votre numéro Sosa je ne sais pas combien.

Outre l’intérêt de la recherche, on vous propose ensuite la publication de vos résultats dans une base de données, à laquelle vous avez par ailleurs accès, afin de vous permettre de vous mettre en relation avec vos cousins aussi testés.

Bien sûr, n’est pas descendant de Celtes qui veut, le test génétique a un coût : comptez plusieurs centaines d’euros. Contre quoi vous recevez une sorte de coton tige avec lequel vous recueillez un échantillon de votre salive – en mode Les Experts oui, c’est un peu ça. Ensuite, vous renvoyez le test à la société par laquelle vous êtes passée et vous attendez les résultats.

Bon, pour l’heure, je suis toujours réservé quant à l’intérêt véritable de ces tests : je ne dis pas que la généalogie génétique n’a pas d’intérêt, bien au contraire, je pense même que c’est l’avenir et que ça ouvre des perspectives vraiment essentielles à la pratique future de la généalogie mais pas sans encadrement stricte de la loi. Savoir que mon ADN sera ensuite la propriété en quelque sorte d’une société commerciale ne m’enchante pas. Alors oui le packaging est sympathique : grâce à la base de données constituée, vous retrouvez un cousin au Mexique – du moins, en théorie. En attendant, qui sait ce que deviendront les études ADN dans 10, 15, 20 ans ? Sans tomber dans la paranoïa, mais pour le coup, analyser son ADN expose également toute votre famille – ascendants et descendants – : ce n’est donc pas seulement un acte personnel.

Bien que cela m’intéresse vraiment beaucoup, je ne suis pas encore suffisamment rassuré sur l’utilisation des données recueillies et il me semble qu’un cadre légal, éthique et moral – rien que ça – doit vraiment être posé pour permettre de mener des recherches génétiques au service de la généalogie.

À ce propos, je vous renvoie à l’excellent Généalogie et génétique de Jean Chaline, aux éditions Ellipses.

Jamais. La généalogie ne s’arrête jamais. Merci, à demain. Action, réaction. Question courte, réponse courte.

Quoi ? Non mais c’est vrai, ça ne s’arrête jamais la généalogie. Ou si vous préférez c’est vous qui décidez de quand ça s’arrête. Mais étant donné que vous êtes passionné par la vie de vos ancêtres et qu’au fur et à mesure que vous déroulez la pelote de vos aïeux, vous tombez sur des surprises comme une lignée en Bretagne, une autre partie en Argentine ou encore une lignée anoblie, vous voudrez toujours en savoir plus.

Je crois que le crédo du généalogiste peut se résumer un peu comme ça : « toujours en savoir plus ». Une soif insatiable et c’est bien normal. Certes, à un moment, vous serez bloqué par les vides archivistiques. Et alors ? Vous terminez une lignée, non seulement vous en avez quatre à compléter mais même celle que vous croyez avoir bouclé, dans un mois ou un an, vous tomberez sur une nouvelle piste de recherche à laquelle vous n’aviez pas pensé ou pas accès jusque-là et c’est reparti.

Maintenant, si la routine s’installe, que la lassitude prend le pas sur le plaisir de rechercher, si vous ne comprenez plus pourquoi vous passez une heure à chercher dans les tables décennales une naissance introuvable, alors oui, votre relation avec la généalogie bat de l’aile : faire une pause vous permettra peut-être de vous réconcilier avec votre discipline préférée – il n’existe pas encore de conseillers conjugaux dans ce domaine. Si la flamme ne revient jamais – sortez les mouchoirs – il faudra alors faire le deuil de votre loupe, vos papiers gribouillés et votre capacité à meubler les repas de famille en racontant l’histoire de cousin Hub et là… et là c’est vraiment triste !